Overblog
Editer la page Suivre ce blog Administration + Créer mon blog
/ / /

 Le 31 décembre 1936 disparaissait l'un des plus grands penseurs de la génération de 98, Miguel de Unamuno. 

Unamuno était unanimement considéré comme un démocrate, un antimilitariste.

Il avait été exilé lors de la dictature de Primo de Rivera. 

Or, sans doute troublé par les violences qui se multipliant et par l'incapacité du gouvernement à rétablir la paix sociale, il fit tout d'abord allégeance au général rebelle. Toutes ses déclarations étaient ouvertement pro-nationalistes et antigouvernementale.

.Pour moi, mon admiration va à l'armée espagnole qui parvient, par tous les moyens en son pouvoir, à retarder l'action des hordes socialistes et communistes contre l'Espagne...  Ils sauvent la civilsation chrétienne"

 alors que défilaient dans les rues de Salamanque,les troupes marocaines.

Ses prises de position atterrèrent tous ses amis.

 Le 4 octobre, 1937,  le général Franco arrivait à Salamanque où il installa quelques jours plus tard son quartier général. En tant que recteur de l'Université,, Unamuno lui rendit une visite protocolaire. Pourtant dès le mois d'août, il refusait de répondre au salut fasciste.

Le 12 octobre, Fête de la race

La cérémonie avait lieu dans le vaste amphithéâtre de l'Université de Salamanque, en présence de l'évêque, du gouverneur civil, de Madame Franco, du général Millan Astray. Millan Astray se livra à une violente attaque contre la Catalogne et les provinces basques. Puis ce fut le cri : "Viva la muerte"

Quelques phalangistes en chemises bleues firent le salut fasciste devant le portrait de Franco.

Tous les yeux étaient fixés sur Unamuno. Il se leva lentement et dit:

     “Vous êtes tous suspendus à ce que je vais dire. Tous vous me connaissez, vous savez que je suis incapable de garder le silence. En soixante treize ans de vie, je n’ai pas appris à le faire.(...) Se taire équivaut parfois à mentir, car le silence peut s’interpréter comme un acquiescement. (..)

Je souhaite faire un commentaire au discours du général Millan Astray, présent parmi nous (…). Je suis né à Bilbao au milieu des bombardements de la seconde guerre carliste. Plus tard, j’ai épousé cette ville de Salamanque, tant aimée de moi, sans jamais oublier ma ville natale. L’évêque, qu’il le veuille ou non, est catalan, né à Barcelone.  

    On a parlé de guerre internationale en défense de la civilisation chrétienne, il m’est arrivé jadis de m’exprimer de la sorte. Mais non, notre guerre n’est qu’une guerre incivile. Vaincre n’est pas convaincre, et  il s’agit d’abord de convaincre (…)

 Premières interruptions, « Viva la muerte ! »

   Je viens d’entendre le cri nécrophile « Vive la mort » qui sonne à mes oreilles comme «  A mort la vie ! » Et moi qui ai passé ma vie à forger des paradoxes (...)  je dois vous dire avec toute l’autorité dont je jouis en la matière que je trouve répugnant ce paradoxe ridicule. (…)

  Une chose encore. Le général Millan Astray est un invalide.(…) Un invalide de guerre. Cervantès l’était aussi. (…).. Un invalide sans la grandeur spirituelle de Cervantès (...) un invalide dis-je, sans sa supériorité d’esprit, éprouve du soulagement en voyant augmenter autour de lui le nombre des mutilés. (…) . Le général Millan Astray voudrait créer une nouvelle Espagne(...) qui serait à son image. C’est pourquoi il la veut mutilée…. 

 

     (Nouvelles interruptions » A bas l’intelligence !     

     Cette université est le temple de l’intelligence et je suis son grand prêtre. Vous profanez son enceinte sacrée. Malgré ce qu’affirme le proverbe, j’ai toujours été prophète dans mon pays. Vous vaincrez mais vous ne convaincrez pas. Vous vaincrez parce que vous possédez une surabondance de force brutale, vous ne convaincrez pas parce que convaincre signifie persuader. Et pour persuader il vous faudrait avoir ce qui vous manque : la raison et le droit dans votre combat. Il me semble inutile de vous exhorter à penser à l’Espagne. J’ai dit. »

Il fut consigné dans son universités et destitué de son titre.

 «Avant, c’était un honneur de pouvoir saluer Unamuno. Du jour au lendemain, plus personne, même au casino ne lui adressa la parole»,rappelle Mariano Esteban de Vega.

Le cœur brisé, seul, Unamuno mourût de désespoir quelques semaines plus tard, le 31 décembre, comme s’il ne voulait pas voir la terrible année 1937.

 

                                      images-copie-6.jpg

 

 

 

La guerre civile

C'est en Espagne que ma génération a appris que l'on peut avoir raison et être vaincu, que la force peut détruire l'âme et que, parfois, le courage n'obtient pas de récompense. 'C'est, sans aucun doute, ce qui explique pourquoi tant d'hommes à travers le monde considèrent le drame espagnol comme étant une tragédie personnelle, la dernière grande cause. Albert Camus

 

                                 images-3-copie-6.jpg  

La dernière guerre romantique:

Contre l'Espagne d'Isabelle la Catholique, de l'Inquisition, de ses tribunaux qui jettèrent au cachot les plus grands mystiques, Saint Jean de la Croix, Fray Luis de Leon se dressait l'Espagne des Lumières .

C'était une guerre romantique car tandis que les politiciens se réunissaient, en Espagne ou à l'étranger, des hommes mouraient pour la cause à laquelle ils croyaient. L''armée organisait et dirigeait la rébellion alors que les hommes qui défendaient la république étaient des civils qu'il fallait instruire avant de leur confier une arme. La Non-intervention les privait de tout secours alors que Mussolini et Hitler appuyaient les rebelles et leur envoyaient des hommes, des armes, des avions.

 

Sur les miliciens de la République planait le grand mythe de la Révolution française. Ils étaient courageux, avec panache. Ils étaient prêts à vaincre ou mourir mais ils devaient affronter des armées de métier.

                    images-1-copie-5.jpg

 

    Le Ministère Largo Caballero, quelques semaines après le début de la guerre, répondait à quelqu'un qui lui disait l'utilité de creuser des tranchées:

"Comment ! Vous vous imaginez que les Espagnols se battront jamais sous la terre, comme des rats"

Et lorsque les chefs de la colonne Durruti apportèrent des bêches aux miliciens, ils répondirent: "Nous partons pour combattre et mourir, et non pour travailler"  La guerre d'Espagne et les écrivains.

En Espagne

`Intellectuels, écrivains, poètes mirent leur plume au service de la République

 Comme l'écrivait Miguel Hernandez  Des "vents du peuple" les portaient, les poussaient.

  Avant 1936, il y avait eu en Espagne une maginfique floraison de revues.  Les plus célèbres furent la  Revista de Ocidente, Cruz y raya , Caballo verse para la poesia. C'éait une époque d'effervesence intelectuellle: on débattait avec passion de la culture conçue dans ses relations avec la vie politique et et social, de "l'art engagé"

C'est José Bergamin (1895-1983) qui, en 33, avait fondé et dirigée la revue Cruz y Raya,la publication la plus originale, ouverte et indépendante de cette époque, à laquelle participèrent de nombreux auteurs de la Génération 27.

Son dernier numéro, le n° 39, parut en juin 1936, quelques jours avant le coup d'État militaire. 
 Il présida, en 1937, à Valence le second Congrès international des écrivains défenseurs de la Culture, qui réunit plus d'une centaine d'intellectuels en provenance de toutes les parties du monde.

Durant la guerre civile, Bergamin présida l'Alliance des intellectuels antifascistes, et fut nommé conseiller culturel à l'ambassade espagnole à Paris où il s'employa à rechercher des appuis moraux et financiers pour la jeune République. Il y noua de profondes amitiés avec Jacques Maritain et Georges Bernanos, François Mauriac, Paul Éluard. Malraux dont il fut l' ami le prit pour modèle d'un de ses personnages de L'Espoir. 

 

    imgres-5-copie-1.jpg               images-1-copie-6.jpg

Bergamin, jeune ( au premier plan)

Son nom est associé à presque toutes les entreprises culturelles de cette époque. Il écrivit dans les revues El Mono Azul, Hora de España, Cuadernos de Madrid.

Miguel Hernández passa son enfance et son adolescence entre l'école et le troupeau de son père. À 14 ans, il dut abandonner l'école pour aider son père. Miguel continua à étudier sans maître et publia en 1929 son premier poème dans l'hebdomadaire local d'Orihuela El Pueblo.

En 1932 (il a 22 ans), Hernández se rendit pour la première fois à Madrid, sans grand succès. Mais lors de son deuxième séjour dans la capitale, il rencontra Pablo Neruda et Vicente Aleixandre.`

Quand éclata la Guerre d'Espagne, il s'engaga aux côtés des Républicains et combattitdans le cinquième régiment.

À l'été 1937, il prit part au 2e congrès international des auteurs antifascistes.

 Les vents du peuple me poussent

les vents du peuple me traînent 

me déchirent le coeur 

et me dessèchent la gorge..... 

Si je meurs, que je meure 

la tête haute. 

Mort et vingt fois mort, 

la bouche contre le chiendent, 

j'aurais les dents serrées 

 et le menton provocant

 

         Vientos del pueblo me llevan

        Vientos del pueblo me arrastran,

          Me esparcen el corazón

        Y me aventan la garganta 

 

                                       imgres-4-copie-1.jpg

       Le 1er avril 1939, Hernández tenta de fuir l'Espagne et de rejoindre le Portugal.

Il fut arrêté à la frontière par la police portugaise et remis à la Garde civile espagnole. Transféré de Huelva à Madrid, il y purgea une partie de sa peine. En mars 1940, il fut condamné à mort .

La sentence fut commuée en 30 ans d'emprisonnement mais, atteint de tuberculose, il mourut le 28 mars 1942 dans la prison Reformatorio de Alicante.

 "Vents du peuple",ce poème-drapeau fut publié pour la première fois le 22 octobre 1936, dans la revue "El mono azul". 

En janvier 1937 à Valence où le gouvernement s'était réfugié et où avaient été évacués les savants et les intellectuels les plus célèbres menacés à Madrid, parût une revue qui renouait, pour les Espagnols et pour les étrangers avec les grandes revues espagnoles qui avaient disparu avec le soulèvement.

" Hora de España

 

                      HE10portadilla_2.jpg

La position de la rédaction est évoquée en ces termes par l'un des directeurs:

 " Notre ferme propos était d'être libéraux réellement et comme ceci coïncidait avec la politique du Front Populaire, nous nous défendions bien des attaques de ceux qui disaient que la revue devait être plus militante, plus prolétaire, plus révolutionnaire."

Les noms les plus importants de la littérature sont associés à cette revue, dont Bergamin, Max Aub, José Machado.

Revue élégante dans sa présentation, avec une couverture noire et rouge d'un style très classique, sa typographie soignée. Elle est ornée au bas du sommaire, d'une vignette dessinée spécialement pour chaque numéro.

 Revue de prestige, elle a un ton moins passionné que d'autres revues engagées. Elle veut toucher un autre public fait de "camarades et de sympathisants épars dans le monde... d'hispanophiles qui éprouveront une joie intense à voir que l'Espagne poursuit sa vie intellectuelle et artistique au milieu du conflit gigantesque dans lequel elle se débat."

Elle n'est pas destinée à un public populaire, néanmoins, sur la page de garde, un mot d''ordre "Au service de la cause populaire."

La revue comporte différentes rubriques

Elle s'ouvre régulièrement sur des aphorismes ou des réflexions signés par Antnio Machado ou plutôt de son double Juan de Mairena. Alliant le sens aigu des responsabilités aux privilèges de l'écrivain, il explicite avec humilité et sensibilité les idéaux de cette revue.

"Désireux d'écrire pour le peuple, J'ai appris de lui tout ce que j'ai pu, beaucoup moins évidemment qu'il ne sait.."

On y trouve aussi des témoignages et commentaires politiques, une sorte de chronique de la guerre civile réalisée par des écrivains eux-mêmes engagés dans le combat qui est pour eux " l'unique devoir et unique espérance."

Ces réflexion critiques faitse à la lumière de la guerre retrouvent souvent le ton de la génération de 98.

Les écrivains s'interrogent sur le mot et le sens du mot "patrie" revendiqué par les nationalistes. On se réfère aux noms  les plus importants de l'histoire de l'Espagne. Goya, Galdos et à Larra; plus que jamais d'actualité.

 La revue rend un dernier hommage à Unamuno

"Unamuno, que nous avons tous aimé et combattu, meurt comme il était fatal qu'il mourût, en flagrante contradiction avec tous et avec tout.. Le feu dont il brîulait n'était peut-être pas de ce monde, mais il était feu et donc vie. Nul n'aura comme lui, emporté dans la tombe le froid d'une Espagne triste, parcourue par des mercenaires."

  Pendant le bref temps de la République des Missions pédagogiques avaient porté leur effort sur le théâtre ambulant, les musées (exposition ambulante des copies de tableaux du Prado), la musique.
Cette activité culturelle qui se prolongea pendant la guerre trouva un écho dans "Hora de España"

La fin de la guerre marqua la fin de l'expérience originale qui, depuis les débuts de la guerre, donnait aux artistes une place dans la cité Elle marquait la fin de l'expérience originale qui, depuis les débuts de la guerre, donnait aux artistes une place dans la cité.

 Sanchez Barbudo raconte:

"Le 9 février 1939, je passais la frontière avec la revue dans ma musette de soldat ( je la conserve toujours) et, à Saint Cyprien, elle me servit d'oreiller sur le sable.."

Cette  revue accorde une grande place à la poésie. Il n'est pas de numéro qui ne contienne plusieurs poèmes, souvent sous forme de "romance"

 "la guerre a transformé le poète en jongleur et lui a conféré pour quelques mois le don de l'anonymat."

Elle publia également des poèmes qui n'avaient pas de rapport avec la guerre, des poèmes mexicains, des inédits de Unamuno.

La revue publia les poèmes, tous écrits par des poètes confirmés. Au contraire de la revue "El mono azul" elle ne publia pas de romances anonymes.

 

      Expression poétique pendant la Guerre d'Espagne

    (voir Les écrivains et le guerre d'Espagne  Les Dossiers H )

  Le courant de poésie populaire n'avait jamais cessé d'exister en Espagne, mais pendant la guerre civile, il prit une ampleur exceptionnelle. L'irruption de cette poésie populaire, qui retrouvait tout naturellement la forme tradionnnelle du romance; c'est la caractéristique la plus étonnante de cette guerre. 

                                     imgres-copie-5.jpg

Phénomène d'une ampleur exceptionnelle que cette irruption de la poésie populaire, par le peuple et pour le peuple. On a recensé de 15 à 20 000 compositions qui correspondent environ à 5.000 auteurs. 

  La profusion des journaux et des revues facilita l'abondance de cette production. On peut estimer à 500 le nombre de journaux, quotidiens ou hebdomadaires, liés aux unités combattantes qui ont vu le jour pendant le conflit. Chaque Division avait son organe de presse et au moins 5 % des auteurs sont inconnus.

 La ferveur populaire s'est instinctivement servie d'un instrument qui était le sien depuis des siècles "le romance", le véhicule épique par excellence. Vers octosyllabe, assonancé, de structure binaire, il était le véhicule privilégié de l'épopée qui met en vers le combat du mal contre le Bien.

On organisait des concours poétiques où les meilleures œuvres étaient récompensées par du tabac ou des "objets culturels", livre ou stylo. Ces poèmes sont liés souvent liés à une circonstance, une anecdote.  

L'armée républicaine créa un véritable Front de la Culture, avec une politique éducative remarquable.

   Le Romancero, c'est l'épopée de la guerre dont il est à la fois le produit et le symbole.

 Les trois quarts de ces poèmes appartiennent à la zone républicain

 

 El Mono azul

 

  images-1-copie-10                 imgres-1-copie-3.jpg                                                                             

Cette revue paraît en août 36 à Madrid .

 Son titre est clair: "el mono azul " (le bleu de chauffe), c'est –à dire, l'uniforme des miliciens du peuple. Sa publication recouvre 31 mois de guerre,  le 45 ème et dernier numéro date de février 39.

Fondée par des écrivains qui avaient participé au "Congrès des Intellectuels antifascistes de Paris" en 1935, elle marquait une rupture avec les revues d'avant-guerre et se plaçait sous le signe de la jeunesse et de l'engagement politique.

Certains de ses responsables étaient connus: José Bergamin, catholique progressiste et Rafael Alberti, communiste qui en assurerèrent la direction jusqu'à la fin. Un format qui n'est pas toujours le même faisant alterner textes et affiches.

Qui écrit dans le "Mono azul"? 

De jeunes écrivains qui s'adressent à des combattants de leur âge. Sur le plan politique, ils se situaient à l'extrême gauche et les plus actifs sont membres du PC espagnol.

Dans le sommaire de cette revue, se retrouve tout ce que l'Espagne républicaine comptait  d'écrivains de valeur. Des écrivains étrangers apportèrent également leur contribution à la revue. 

 Les responsables du "Mono azul" et les participants voulaient manifester la volonté des écrivains anti-fascistes d'être aux côtés du peuple:

"El Mono azul a uni à tout moment aux voix de nos premiers poètes et écrivains, celle des combattants, des travailleurs qui , spontanément ont ressenti le besoin de conter ou de rapporter les hauts faits de notre peuple dans sa lutte contre le fascisme "

 La composition des 3 numéros a été confiée à des écrivains allemands anti-fascistes dont Arthur Koesler.

Ce n'est pas une revue littéraire

" elle unit à tout moment aux voix de nos premiers poètes et écrivains, celle des combattants et des travailleurs qui, spontanément, ont ressenti le besoin de conter ou de rapporter les hauts faits de notre peuple en lutte contre le fascisme.

 La revue publie également des textes en prose, des témoignages ou des nouvelles qui se veulent exemplaires et destinés à glorifier le comportement d'un peuple.

A la grande surprise des écrivains rédacteurs de la revue, plus de la moité du courrier adressé au Mono Azul était constituées par des poèmes.

" Des vers! tous des romances, les uns simples, et pleins d'effusion , les autres guerriers et satiriques, que nous envoyaient du front et de l'arrière-garde , des compagnons des lettres ou des travailleurs qui n'étaient pas des professionnels de la littérature" 

 "Ce n'était plus l'intellectuel qui abandonnait sa tour d'ivoire pour se mêler aux combattants; c'était le soldat du peuple qui rejoignait l'écrivain dans son univers de création. 

La poésie est intégrée à la réalité nationale. Dans la guerre, le langage aussi entre en action; il est instrument et moteur de l'histoire; la poésie est destinée à éveiller une conscience susceptible d'entrainer l'action.
 Prendre les armes, prendre la plume étaient deux formes de combat étroitement liées.
 Romances anonymes ou signés, ils devinrent l'expression du peuple

Il y a coïncidence entre le temps de l'émotion poétique et le temps de l'histoire :

" la poésie n'aurait pas occupé autant d'espace sur la page et dans la voix si elle n'avait pas été un instrument efficace et nécessaire dans des circonstances historiques où la parole seule semble précéder l'action"

Le poème est donc né de l'exaltation. Le vers catalyse toutes les ferveurs : c'est le baromètre de la combativité  Il faut dire, écrire, réciter, chanter la guerre: bref, la mettre en mots.  Le langage tout entier entre en guerre; l'Espagne va baigner dans cette familiarité du rythme et de la rime: l'épopée de la guerre devient une affaire nationale.

Les premiers 32 mois, le vers constituera un "front actif " au même titre que les tranchées.

Les premiers romances apparaissent au moment commence la résistance populaire au Coup d'Etat militaire.

 Plus de clivage entre poésie officielle et poésie populaire. 

Tous les poèmes, écrits, chantés, dits, pendant toute cette période, sont des romances qui furent réunis dans Le Romancero de la Guerre Civile.

 Il est le véritable monument culturel de la guerre d'Espagne.

                             El mozuelo va a la guerra

El mozuelo va a la guerra

vestida de risa el alma,

risa de luz y rocío

en la mañana de plata.

El fusil firme en el hombro.

"¡No vayas, niño! ¡No vayas!"

El pisar fuerte y seguro.

"¡Mira, niño, que te matan!"

El burgués desde su miedo,

cobarde, sólo le daba

consejos de cobardía

que le abrasaban la cara.

El mozuelo va a la guerra

vestida de risa el alma.

Pasados los parapetos

la muerte, exacta, esperaba.

Sombra en fuego de su sombra,

sus compañeros ya marchan,

y le gritan a la muerte,

medio llorando su rabia;

y al burgués los ojos secos,

su desprecio sin palabras:

y al cielo, aceros al aire,

el brillo de su venganza.

Cantar seco de fusiles.

Sus compañeros ya marchan.

Bañado en Sol es su paso

un flamear de esperanzas.

El mozuelo está tendido

sobre la loma tomada,

una sonrisa en los labios,

vestida de risa el alma.

Le gamin s'en va-t-en guerre 

l'âme vêtue de rire,

rire de lumière et de rosée

dans le matin argenté.

Le fusil ferme sur l'épaule

"N'y a va pas, petit ! N'y va pas !"

Le pas puissant et sûr.

"Attention, petit, ils vont te tuer !"

Le bourgeois, du fond de sa peur,

couard lui conseille 

des conseils de couardise.

qui embrasent son visage.

Le gamin s'en va-t-en guerre ,

l'âme vêtue de rire 

A delà des parapets

la mort, exacte , l'attendait.

Ombre en feu de son ombre,

ses compagnons s'en vont

et crient à la mort,

presque  pleurant, leur rage,

au bourgeois aux yeux secs, 

leur mépris sans paroles,

et au ciel, aciers à l'air,

l'éclat de leur vengeance.

Chant sec de fusils.

ses compagnons s'en vont .

Baigné de soleil , leur pas est

Un flamboiement d'espoir ?

Le gamin est étendu 

sur la colline conquise, 

un sourire sur les lèvres, 

l'âme vêtue de rire. 

Poeta Anónimo


Le poème était à la mesure exacte des événements.

Si Madrid a joué un rôle moteur dans la naissance et la diffusion de l'expression épique c'est parce que les menaces de novembre 36 lui donnent le statut de ville symbole et par la suite de ville martyre.

Déjà, au lendemain de l'insurrection, le 19 juille,t la Pasionaria qui incarnait la volonté populaire de résistance lance le slogan : "no pasarán"

Elle s'écrit: "Tout le pays vibre d'indignation face à ces criminels qui veulent plonger l'Espagne démocratique et populaire dans un enfer de terreur et de mort. Mais, ils ne passeront pas !"

La quantité de poèmes consacrés à Madrid est prodigieuse, et constitue le corpus le plus important. Les principaux thèmes poétiques sont Madrid, l'Aviation, le Héros, l'Ennemi.

                                               ***

La guerre d'Esspagne et la conscience française

Depuis l'Affaire Dreyfus, il semble que jamais la France ne fut à ce point partagée. Bien peu d'intellectuels n'ont pas pris parti.

 

Dès 1936, la jeune philosophe, Simonne Weil ( 1909-1943) s’engageait

 dans la Colonne Durruti, une colonne de la CNT anarcho-syndicaliste. Elle était agrégée de philosophie et avait commencé une carrière d’enseignante en province. Au Puy, solidaire des syndicats ouvriers, elle se joignit au mouvement de grève de l'hiver 1931-1932 contre le chômage et les baisses de salaire.  

 


Communiste anti-stalinienne, elle passa quelques semaines en Allemagne, au cours de l'été 1932, dans le but de comprendre les raisons de la montée en puissance du nazisme. et exprima sa crainte de l'avenir. Abandonnant provisoirement sa carrière d'enseignante, en 1934-1935, elle fut ouvrière chez Alsthom, puis elle travailla à la chaîne et chez Renault, jusqu'au mois d'août 1935. 


Sa mauvaise santé l'empêcha de poursuivre le travail en usine. Elle reprit l'enseignement mais décidée à vivre avec cinq francs par jour, comme les chômeurs du Puy, elle sacrifiait tout le reste de ses émoluments de professeur à la Caisse de Solidarité des mineurs.  Elle prit  part aux grèves de 1936 et milita avec passion pour un pacifisme intransigeant entre États.


Dès le début de la Guerre civile espagnole, en août 1936, elle s’engagea dans la Colonne Durruti. Bien qu'intégrée dans une colonne de la CNT anarcho-syndicaliste, elle s'élève contre l'exécution d'un jeune phalangiste et s'interpose pour éviter l'exécution d'un prêtre franquiste .Gravement brûlée après avoir posé le pied dans une marmite d'huile bouillante posée à ras du sol, elle dut repartir assez rapidement pour la France. 

 

                             images-copie-8.jpg

 

Simone Weil se rapprocha peu à peu du christianisme mais resta très discrète sur ce point et ce n'est qu'après sa mort que ses amis découvrent la profondeurde sa vie spirituelle.


Juive,elle est sans illusion sur ce qui les menace, elle et sa famille; ils se réfugièrent à Marseille. Elle mit ses parents à l'abri aux Etats-Unis,; elle s'engagea dans les réseaux de Resistance en Angleterre mais l'entourage de de Gaulle lui refusa de combattre sur le territoire français. Atteinte de tuberculose, elle mourût au sanatorium d'Ashford, le 24 août 1943, à l'âge de 34 ans.

                                                  ***

 

 

Les Ecrivains et la guerre d'Espagne 

 

Pour Malraux, cette guerre signifiait que "les grandes manoeuvres sanglantes du monde étaient commencées." 

"C'est là que se décide le sort de la France", disait Manuel Azana , président de République écrivait à Jean Cassou.

 

 Bernanos et Mauriac n'éprouvaient pas de sympathie pour la république espagnole et étaient plutôt favorables à Franco mais les massacres commis par les  Nationalistes les conduisirent à réviser totalement leurs positions.

A gauche, outre Malraux, Gide, des poètes- Eluard, Jouve, Char.- des catholiques -Mauriac, Maritain- des protestants -Chamson-, des agnostiques -Saint-Exupéry, Camus-, des communistes -Jean-Richard Bloch-. 

Contre la droite - ce qui ne veut pas dire pour la gauche -Bernanos

A droite, pour les insurgés: Claudel, Céline, Brasillach, Drieu La Rochelle. 

 La guerre d'Espagne posait brutalement le problème de l'action pour les intellectuels." Cette nuit où chaque homme avait quelque chose à faire sur cette terre"

Mais dans "Les Anti-mémoires," il se rappelle:" J'ai combattu dans l'aviation - je sais ce que signifie ne pas pouvoir tirer sur un adversaire ..parce qu'il est le premier ennemi barbu sous le masque et que sa barbe change le combat en meurtre."

Et Orwell fait une observation analogue. Au cours des premiers combats auxquels il participe, il voit un soldat franquiste surpris par une attaque aérienne, quitter sa tranchée, à moitié habillé, et qui court en tenant son pantalon à la main:

" J'étais venu pour tuer des fascistes mais un homme qui tient son pantalon à deux mains n'est pas un fasciste, c'est visiblement un brave type, un type comme vous, et vous n'avez pas envie de tirer sur lui."

                                                 ***

Les nombreux romanciers de la guerre d'Espagne n'ont jamais pu saisir le caractère immédiat de cette guerre car ils ont écrit après coup, après la victoire fasciste, et non quand ils se battaient.

 Sauf l'Espoir de Malraux, qui représente le cas limite d'un livre écrit par un homme d'action alors que cette action n'est pas terminée.

Ce fut lui qui, le premier réagit

 

 

                                                    images-1-copie-7.jpg

 

 

Alors que le soulèvement ne datait pas d'une semaine, il  avait pris l'avion pour Madrid et s'était mis à la disposition de Manuel Azaña. Il revint presque tout de suite en France avec mission d'acheter des avions et de recruter des pilotes pour aider l'aviation de la République. 

En moins de trois semaines d'intense activité, il avait rassemblé assez de personnel et d'avions pour former une unité autonome " l'escadrille España". A la mi-août, lui et ses hommes étaient au cœur de la bataille.

Il semble qu'un article paru dans la presse française le 3 septembre fut à l'origne de  son ouvrage.

 Sous le titre "un raid de l'escadrille et destruction de trois avions fascistes et d'un dépôt d'essence.," l'article racontait comment l'aérodrome fut localisé, grâce à un paysan qui était venu exposer ce qu'il avait vu du champ d'aviation. Il prit place à bord d'un avion de bombardement, escorté de trois avions de chasse. Ils parvinrent à lâcher des bombes sur les avions ennemis et échappèrent à deux avions rebelles qui tentaient d'engager le combat.

 

Malraux avait relaté ce qui n'était alors qu' une péripétie de la guerre. Mais cet épisode du paysan d'Olmedo fut à l'origine du roman.

 

                             imgres-2-copie-5.jpg

 

`Dans le premiers mois de la guerre, l'escadrille fut d'un grand secours pour stopper l'avance des troupes franquistes mais au début de l'hiver l'aviation espagnole s'était réorganisée et était aidée par l'aviation soviétique. A la fin du mois de décembre, l'escadrille se retrouva réduite à deux avions et à une poignée d'hommes.

Cependant les dirigeants se rendirent compte de la grande valeur publicitaire du soutien de Malraux et lui demandèrent d'entreprendre pour leur cause une sorte de campagne de propagande semi- officielle à l'étranger. Il accepta, à la mi-janvier de se rendre en Amérique 

Il débarque à New York le 24 février  1937. Au reporter du " Literary Digest" il fit un long récit, vrai reportage dans lequel il raconte longuement l'épisode du paysan d'Olmedo. c'était la première version de ce qui deviendra l'un des épisodes centraux de l'œuvre.

 On lui demande, avant son départ pour la Californie, un long article pour une revue à grand tirage qui devait publier son expérience de chef d'escadrille. En mai 1937, cette petite œuvre littéraire parait sous le titre: "Ceci est la guerre " 

Les faits de base demeurent les mêmes que dans le récit fait au reporter mais il s'étoffe de détails descriptifs, de dialogues et de nouveaux passages narratifs.

 Après une courte visite au Canada, Malraux revint en France et commença à écrire son roman dont des extraits furent publiés dans la NRF au début novembre.

Son expérience de chef d'escadrille lui fournit la matière première, son grand roman sur la guerre civile espagnole.

L'Espoir, c'est l'expérience d'un homme qui fait et écrit l'histoire. 

 Le livre parût en décembre 1937. L'épisode du paysan d'Olmedo dans sa forme littéraire définitive se trouve dans la première moitié du troisième chapitre de la dernière partie du roman.   

                                  imgres-1-copie-5.jpg

 Ce livre est un témoignage sur la guerre civile mais également sur l'aventure intérieure d'un écrivain qui, partagé entre le dire et le faire en des moments aussi tragiques se demande si le langage peut encore exercer son pouvoir sur l'horreur d'une guerre. 

 "Que valent les mots en face d'un corps déchiqueté?"

Il relate les combats qui ont commencé en juillet 36 jusqu'à la victoire républicaine de Guadalajara en mars 37. Il décrit la résistance de Madrid, le siège de l'Alcazar de Tolède puis le bombardement de Madrid à la fin octobre et les combats aériens pour défendre la capitale.

L'Espoir n'éclaire, délibérément, les événements que du seul côté républicain.

    .

Ce roman où la guerre devient une poésie " d'une atroce beauté" est placé sous le signe du feu. La nature n'est plus qu'un immense brasier " Un crépuscule se levait sur l'Age du Feu".

Une odeur de chair brûlée "mêlée à l'odeur de bombardements et de poussière" se dégage de cette terre incendiée."

Le paysage "prend l'éternité des cimetières" La terre à l'agonie est pareille à un corps qui souffre, aux veines ouvertes.Plusieurs images dans le texte renvoient à cette vision terrifiante d'une Espagne en sang:

"Le sang ruisselle sur les murs...La ville se vide comme un corps qui perd son sang."


 Dans cette désolation de fin du monde, la terre espagnole se déshumanise 

" tout ce qui était humain disparaissait dans la brume de novembre crevée d'obus et roussie de flammes"

 

" La ronde des chiens sans espoir des chiens abandonnés semble préfigurer celle des hommes"


"D'un des lits d'hôpital, partaient des gémissements où la douleur devient plus forte que toute expression humaine, où la voix n'est plus que l'universel aboiement de la souffrance."


Il n'y a plus que l'étrange silence de la guerre qui rythme les pas de l'homme dans la ville qui " se défend comme un aveugle qui hurle."

 

La guerre est vécue comme une immense catastrophe qui ébranle la terre.

"La foule n'était pas prise par la peur des fascistes mais par l'épouvante d'un cataclysme car la question de se rendre ne se posait pas plus que celle de se rendre à un tremblement de terre"

Un fim fut tiré de son ouvrage "L'espoir. Sierra de Teruel "

 

Arthur Koerstler  Un testament espagnol

Il s'agit là encore d'un témoignage personnel. Aucun personnage de ce récit n'est imaginaire.

Il était correspondant en Espagne du journal londonien News Chronicle. A la suite d'un malheureux enchaînement de circonstances, il avait été arrêté et condamné à mort par les Nationalistes.  

Pendant preque 4 mois, il attendit son exécution et vit partir vers la mort, l' un après l'autre, ses compagnons de captivité. Le majeure partie de cet ouvrage  fut écrite en prison, au jour le jour; comme on tient son Journal. 

Il évoque l'angoisse du condamné dont la sentence peut -être exécutée à tous moments et les efforts de chaque instant pour n'y pas penser .

 

     Arthur-Koestler-001.jpg

  Bernanos. Les grands cimetières sous la lune

En juillet 1936, Bernanos résidait à Majorque.

Bouleversé par les massacres des religieux commis par les Républicains il avait approuvé le soulèvement franquiste

 

                          imgres-2-copie-4.jpg                                    

Mais en janvier 1937, il vit les exactions commises par les Franquistes, les arrestations arbitraires de simples paysans faites en pleine nuit par de jeunes phalangistes qui n'avaient pas 20 ans. Ils emmenaient 

 « de pauvres types simplement suspects de peu d'enthousiasme pour le mouvement [...] Les autres camions amenaient le bétail. Les malheureux descendaient ayant à leur droite le mur expiatoire criblé de sang, et à leur gauche les cadavres flamboyants. L'ignoble évêque de Majorque laisse faire tout ça. »

Il écrivit alors ce pamphlet flamboyant et désespéré Les Grands Cimetières sous la lune.

 J'ai été frappé par cette impossibilité qu'ont les pauvres gens de comprendre le jeu affreux où leur vie est engagée. [...] Et puis, je ne saurais dire quelle admiration m'ont inspirée le courage, la dignité avec laquelle j'ai vu ces malheureux mourir ».

 

                                     images-2-copie-4

Sa tête fut mise à prix par Franco. Après le accords de Munich, il s'exila en Amérique latine

      George Orwell Hommage à la Catalogne

Orwell s'engagea pour la beauté du geste, pour la cause en laquelle il croyait  : « Quand un écrivain s'engage dans la politique, il doit le faire en tant que citoyen, en tant qu'être humain, et non pas en tant qu'écrivain. 

Alors que  35 000 volontaires rejoignaient les Brigades internationales, Orwell choisit de rejoindre le POUM

Le Poum, organisation marxiste antistalinienne était né à Barcelone en septembre 1935 à partir de l’unification de deux partis issus de scissions du Parti communiste espagnol. Andreu Nin en était le secrétaire généraL

 Or, le Parti communiste espagnol était décidé à se débarrasser des anarchistes et du Poum. Ces derniers, moins puissants, furent , accusés de trahison, de trotskisme et de complicité avec les franquistes. Le NKVD (services secrets soviétiques) produit de faux documents établissant la culpabilité du Poum, dont les dirigeants sont arrêtés. La milice du Poum fut t désarmée, de nombreux militants arrêtés. Andreu Nin est emprisonné et torturé à mort.

 Dans Hommage à a Catalogne, il dénonce les agissements des groupes stalinistes, dont furent victimes les militants du POUM

Dans un entretien qu'il donna après la parution de son livre il déclara : « Un bon nombre de gens m'ont dit avec plus ou moins de franchise que l'on ne doit pas dire la vérité sur ce qui se passe en Espagne et sur le rôle joué par le parti communiste, parce que cela susciterait dans l'opinion publique un préjugé contre le gouvernement espagnol, en aidant ainsi Franco.

Lui a voulu tout dire s'en tenant à son  opinion passée de mode et qui veut qu'à la longue, dire des mensonges ne paie pas »

Le fim de Ken Loach "Land and Freedon" est tiré de l'ouvrage d'Orwell;

Ernest Hemingway Pour que sonne le glas

Publié en 1940, après la victoire des franquistes, il s'agit d'un roman qui  raconte la guerre civile espagnole telle qu'Hemingway lui-même l'a vécue. Le héros, Robert Jordan, est un militant démocrate américain, volontaire dans l'armée républicaine, chargé de faire sauter un pont. Des combattants espagnols lui apportent leur concours. Parmi eux, Pilar, une maîtresse femme mariée à un bon à rien et la jeune Maria, dont Jordan s'éprend aussitôt. Les franquistes attaquent le maquis et rien ne se passera comme prévu. 

   "Dans la tragédie qu'est la vie intérieure d'Hemingway, Pour qui sonne le glas marque une étape décisive.Après s'être réconcilié avec la mort, son auteur prend conscience que toute mort concerne l'humanité".Michel Mohrt

Pour la première fois dans son oeuvre, perce une solidarité humaine qui reflète les idéaux et le besoin d'engagement des intellectuels des années 1930.

Le pessimisme d'Hemingay apporte toute sa force à cette histoire tragique, à laquelle il donne une perspective spirituelle et une exaltation presque lyrique. 

L'adaptation du roman est devenue un classique du cinéma, avec dans les rôles principaux, Gary Cooper et Ingrid Bergman. 

Leonardo Sciascia

 Une longue et belle nouvelle "L'antimoine": l'histoire d'un pauvre paysan,engagé chez les franquistes qui découvre qu'il se bat contre des gens qui lui ressemblent.          

  Brasillach et l'Espagne.

Il est l'auteur d'une Histoire de la guerre d'Espagne, écrite en collaboration avec son beau-frère Maurie Bardèche. mais, on trouve dans deux œuvres de lui des allusions à des voyages en Espagnes, avant, pendant et après la guerre civile.

Amoureux de l'Espagne, il y fit un premier voyage en1934, un second en1935 .Il  était  tout acquis au coup d'Etat. Dès 1935, il fustigeait le Comité de Vigilance Antifasciste et se moquait du journal "Vendredi""où brillaient les professeurs Langevin, Joliot-Curie. On vit s'y précipiter toute la littérature du temps, ou peu s'en faut. En même temps, avec l'argent des marquises rouges, se fondait un étonnant journal "Vendredi"

Dans Notre avant-guerre, il écrit:

"L'Espagne achevait de transformer en combat spirituel et matériel à la fois, en croisade véritable, la longue opposition qui couvait dans le monde moderne. Ses brigades internationales, des deux côtés scellaient dans le sang les alliances.

"Dans la fumée grise des obus, sous le ciel en feu parcouru par les avions de chasse, Russes contre italiens, les contradictions idéologiques se résolvaient en cette vieille terre des actes de foi et des conquérants, par la souffrance, par le sang, par la mort. L'Espagne donnait sa consécration et sa noblesse définitive à la guerre des idées."

" Des catholiques égarés, Georges Bernanos, Jacques Maritain, prenaient le parti de ceux qui avaient exposé sur les marches des églises des carmélites déterrées, tué 16.000 prêtres, dix évêques..je rencontrais un jour Georges Bernanos, chassé de Majorque où il avait fixé sa tente d'errant. Ce gros homme chevelu pendant une heure, ressassa ses griefs devant moi...je me persuadais d'avoir vu un fou.

Mais nous, nous suivions avec émerveillement les beaux événements de la guerre. On vénérait la figure du jeune fondateur de la Phalange, José Antonio Primo de Rivera.

Lui, poète romancier sensible, ne dit pas un mot de l'asasinat de Lorca

Il fit un nouveau voyage dans l'Espagne en guerre, il alla à Burgos, dans d'autres villes de Castille, et séjourna parmi les rebelles dans les tranchées de la Cité Universitaire

"oui, l'Espagne en guerre a connu une sorte de paix intérieure. Lorsque le soir descend sur les villes espagnoles, c'est la même joie de la promenade, le même paseo charmant, avec un peu plus de soldats que d'habitude, et quelques " t echniciens " blonds ou bruns.

A 11 H et demie du soir, tous les postes de TSF, dans les restaurants, et les cafés, sur les places publiques diffusent le communiqué. Auparavant, ils donnent une liste de noms assez longue. Comme nous leur demandions ce que c'était, on nous répondit:

"Ce sont les nouvelles pour les familles des prisoniers rouges..Nous indiquons aux familles quand ils sont blessés où ils sont soignés et quel est leur état...                   

L'Espagne éternelle et l'Espagne du moment, confondues..Le double idéal de la sainte Tradition, comme chantent les carlistes et de l'aube nouvelle, du printemps qui vient rire sur l'Espagne, comme chante la Phalange, il est visible à chaque pas que nous faisons sur cette terre admirable de l'exaltation et de la foi..

Peu après, Brasillach se rendait à Nuremberg d'où il devait revenir fasciné par le défilé grandiose des forces nazies, par Hitler aussi " aux yeux de poète".

En août 39, Brasillach fait un dernier voyage dans l'Espagne devenue franquiste .

Ce chapitre conclue "Notre avant-guerre" puisque à son retour, la guerre va être déclarée." 

                                                       ***

On ne saurait dresser la liste exhaustive de tous les ouvrages consacrés à la guerre civile espagnole. Voici les titres de quelques ouvrages :

 

                        images-3-copie-3

 

  Requiem pour un paysan espagnol.(1953) 

 Le prêtre, Mosén Millán attend, dans sa sacristie, que son église se remplisse pour qu'il puisse célébrer cette messe de Requiem Pour un Paysan Espagnol. Ce paysan, c'est Paco. Paco qu'il a baptisé. Paco qu'il a marié. Paco à qui il a donné l'extrême onction. Paco dont il porte au cœur tout le poids de la vie, dont il ne peut oublier qu'il porte aussi une part énorme de responsabilité dans sa mort  

                                     images-1-copie-11

 

Javier Cercas  Les Soldats de Salamine   (2004) 

 

                                   9782253113560-T                                                                      

                                 

 A la fin de la guerre civile espagnole, l’écrivain Rafael Sánchez Mazas, un des fondateurs de la Phalange, réchappe du peloton d’exécution. Un soldat le découvre terré derrière des buissons et pointe son fusil sur lui. Il le regarde longuement dans les yeux et crie à ses supérieurs : « Par ici, il n’y a personne ! » La valeur qu’il entrevoit au-delà de l’apparente anecdote historique pousse un journaliste, soixante ans plus tard, à s’attacher au destin des deux adversaires qui ont joué leur vie dans ce seul regard.

 

Dulce Chacon . Voies endormies (2002)

 

                           51D76XSRD0L. SY445

 

Les Voix endormies sont celles des héroïnes anonymes de la guerre d'Espagne, ouvrières, républicaines. En 1939, le conflit touche à sa fin, et dans les prisons franquistes, les Républicains paient leur défaite. Hortensia, Elvira et Tomasa se savent condamnées, leur dernier voeu est de n'être jamais oubliées.

 

 

Partager cette page
Repost0

Jacqueline Baldran Maître de conférences. Paris IV
 

Contact

Liens