Overblog
Editer la page Suivre ce blog Administration + Créer mon blog
/ / /

           Ferdinand VII, l'un de souverains les plus bornés et cruels de l'histoire de l'Espagne, retrouva son trône et infligea à son peuple "la décennie honteuse".

                                            images-2-copie-3

 

Les libéraux, même les plus modérés, durent fuir à nouveau tandis que les ultra, les monarchistes les plus conservateurs revinrent en Espagne. 

Ces deux longues périodes de répression forgèrent l'Espagne du dehors: une masse de proscrits, imposante par le nombre et plus encore par la qualité, qui, pour échapper à la prison, aux persécutions, à  la mort, abandonnait une Espagne d' où l'intelligence était bâillonnée.

 Le nombre d'Espagnols –en particulier des intellectuels - contraints  d'émigrer a été si élevé qu'on a pu parler d'une Espagne de l'extérieur. Certains ne revinrent jamais: Moratin et Goya disparurent la même année, en 1828, l'un à Paris, l'autre à Bordeaux. Quelques- uns choisirent de se faire naturaliser, d'autres moururent peu après leur retour. 

De telle sorte que pendant presque deux siècles, il y eut deux Espagnes, irréductibles l'une à l'autre.

 José Mariano de Larra 

                                         000329280

                         

 Nul mieux que Larra à la vie et à l'allure romantique ne se situe à la croisée des divers chemins qui traversent la vie de l'Espagne du XIX.
 Larra est bien un enfant du siècle; il vécut 28 ans de cette histoire de l'Espagne que Pierre Vilar qualifie "d'enchaînement d'intrigues, de comédies et de drames"
Fils d' "afrancesado", son enfance fut moitié espagnole, moitié française. Son père, médecin réputé, avait suivi des cours en France; en 1808, il fut requis comme médecin-adjoint de l'armée française et affecté au grand hôpital militaire de Madrid. C'était un homme très cultivé, d'esprit ouvert, plein d'espoir en une révolution qui instaurerait la justice.

 Peu après, en mars 1809, naquit son fils.

La défaite napoléonienne mit un terme à une enfance paisible et protégée. Son père accompagna l'armée qui se replia sur Valence, puis avec le roi Joseph revint à Madrid quelques mois plus tard. En mars 1813, les dernières troupes françaises quittèrent Madrid. La famille de Larra faisait partie des afrancesados contraints à l'exil. Dans le convoi, il y avait 2 enfants, qui ne se rencontrèrent pas:Victor Hugo et José Mariano de Larra. 

La famille s'installa à Bordeaux où le jeune garçon fut mis au collège puis à Paris. L'enfant vécut parmi les Français et fut scolarisé en français. Il dira que le français a été sa première langue. C'est toute une culture française dont il s'imprégna très jeune.

 Larra n'aurait peut-être pas été un patriote si clairvoyant s'il n'avait été en mesure d'observer son pays avec le regard neuf de l'étrangern. Il n'aurait peut-être pas été un écrivain si brillant si sa pensée n'avait été d'abord accoutumée à prendre forme dans des moules familiers à la langue française. Quand il fera ses premières armes dans le journaliste et fera scandale dans l'Espagne jugulée et terrorisée, l'on ne manquera pas de signaler chez lui l'influence vivace et pernicieuse des années passées en France.

La famille était revenue en Espagne et s'installa à Valladolid.Leur fils poursuivit ses études à Madrid.  Quand s'ouvrit  la "ominosa década " et  que la terreur s'abattit sur les libéraux, Larra quitta Madrid et vint rejoindre ses parents à Valladolid. Puis toute la famille alla se cacher dans une bourgade isolée.

Larra, quelques années plus tard, écrira en connaissance de cause: 

" 'En Espagne,tout libéral est un émigré en puissance "

Larra ne fut pas seulement auteur dramatique à succès, traducteur des pièces romantiques françaises, il fut surtout un remarquable critique littéraire et l'on est encore frappée par la pertinence de ses jugements. Bien avant que le temps ait fait son œuvre de distanciation, il ne se trompe pas sur la  valeur de Victor Hugo ou de Dumas, aux dépens d'autres auteurs français aujourd'hui oubliés.

Il fut surtout un journaliste d'un rare talent.

 

                                   escanear0001

   En exergue à l'un des journaux qu'il fonda, il choisit une phrase de Boileau   "des sottises du temps je compose mon fiel".

Sous le pseudonyme de Figaro, il écrivit des longs articles d'un humour incisif. Ainsi démontre-t-il avec infiniment d'esprit , L' Avantage de ne faire les choses qu'à moitié, habitude si courant en Espagne , largement compensée par la d'avoir quelque chose à faire le lendemain ..et les autres jours. 

Il a des formules saisissantes : 

"Nous sommes un peuple improgresivo "

Mais la plupart de ses articles sont d'un pessimisme foncier 

Ecrire comme nous écrivons à Madrid, c'est se livrer à un monologue désespérant  et triste .pour soi – même.  Ecrire à Madrid, c'est  pleurer, c'est essayer de parler sans pouvoir émettre un son , comme dans un lourd et  violent cauchemar

Peu à peu le découragement l'emporta.

"Il n'y a pas de société en Espagne, seulement un champ de batailles"

 Dans l'un de ses derniers articles "Día de difuntos de 1836; Fígaro en el cementerio",écrit quelques mois avant son suicide, ses accents sont désespérées , et de ce Madrid brisé il ldonne des imagesauchemardesques dignes des euax fortes  de Goya

 Jour des morts

Sots disais –je aux passants vous vous agitez pour voir  des morts. Ne possédez- vous donc pas de miroir .Je voulus sortir brutalement de cet horrible cimetière. Je voulus me réfugier dans mon propre cœur, hier encore plein de vie, d'illusions, de désirs. Dieu du Ciel! Un autre tombeau. Que dit l'inscription funéraire  Lisons: qui est mort ? Horrible épitaphe! Ci-gît l'espérance. Silence! Silence!"

Il écrivait surtout cette phrase prémonitoire:

Aqui yace media España, murio de la otra media.

Il se suicida le 13 février 1837. Il avait 28 ans

Une foule imposante suivit le cortège, jamais on ne vit tant de monde à de funérailles depuis la mort du Lope de Vega.

"  Si Larra mit fin à ses jours par désespoir amoureux, il n'en demeure pas moins que son pessimisme profond avait aussi d'autres causes...
 dans le processus qui entraîna Fígaro vers cette mort tragique, nul ne peut douter qu'entrait pour une part le spectacle déprimant des malheurs de la nation. Autour de lui, il ne voyait qu'un tableau de plus en plus désespérant de sa patrie: pauvreté, désespoir, angoisse, apathie, corruption. Une Espagne qui avait perdu toute espérance, une Espagne plongée dans les ténèbres".

                                           ***

Suite de l'Histoire de l'Espagne au XIX ème s. 

Pendant tout le XIX siècle, libéraux et conservateurs ne cessèrent de s'affronter tandis que l'Espagne s'enfonçait dans le chaos,; dans lemême temps Trois guerres carlistes déchiraient le pays .

 En 1868 un "pronunciamento" chassa la reine Isabel II.

La première république fut proclamée en 1873. En 1874, elle fut renversée par les monarchistes, en janvier 1875 ;ils rendirent le trône au fils d'Isabel II, Alphonse XII. Le roi mourut en 1885; leur fils fut proclamé roi à 17 ans en 1902.

Entretemps était survenu le désastre de1898: l'Espagne perdait ses dernières colonies et devait affronter la dure réalité de son déclin. 

Les écrivains de la génération de 98 qui vivaient intensément le drame de la réalité espagnole, reconnurent en José Mariano de Larra, leur grand aîné, et lui rendirent, une gloire largement méritée.

                                 52525634-1.jpg

 Le 13 février 1901, un groupe de jeunes gens en costume de deuil, chapeau haute forme, cravate noire enroulée trois fois autour du cou,descendit la rue d'Alcalá, depuis la Puerta del Sol, jusqu'au cimetière, où il reposait, afin de lui rendre un dernier hommage. 

"Aqui yace media España, murió de la otra media."

"Ci git la moitié de l'Espagne, tuée par l'autre moitié avait–il écrit  

 

Trois décennies plus tard, les deux Espagnes allaient se jeter follemenent l'une contre l'autre

 

 

 

                  Carte_Espagne_Guerre-civile.gif

Bref résumé.( cf Mourir à Madrid)

L'Espagne avant la proclamation de la République

 503.061 Kms2. Presque la France.

24. millions d'habitants

8   millions de pauvres

2 millions de paysans sans terre

20 000 personnes possèdent la moitié  de l'Espagne

Des provinces entières sont la propriété d'un seul homme

Salaire moyen des travailleurs : de 1 à 3 pesetas par jour

Le kilo de pain vaut 1 peseta     15. 000 officiers dont 800 généraux

La moitié de la population est illettrée

15. 000 officiers dont 800 généraux

Un officier pour six hommes, un général pour cent soldats

Les trois piliers de la droite

-Une Eglise toute puissante

 Pour les pauvres, l'Eglise a toujours été du côté des possédants, des patrons, des grands propriétaires.

 Elle a toujours lutté farouchement contre les idées libérales: Dans un catéchisme publié en 1927, on peut lire:

" Quel genre de péché commet celui qui vote pour un candidat libéral ?

"Généralement un péché mortel."

Les catholiques libéraux eussent accepté une séparation de l'Eglise mais les républicains qui y voyaient un danger promulguèrent un certain nombre de lois anticléricales qui lui aliénèrent les catholiques sincères et le clergé pauvre. 

Mais l'Eglise c'est aussi tout le petit peuple profondément croyant .
L'Espagnol est toujours derrière l'Eglise, avec un cierge, ou un gourdin .

Moins de trois semaines après la promulgation de la République, des couvents et des églises sont incendiés à Madrid sans que la police intervienne

-  Une armée habituée à décider du sort d'un gouvernement .

 En 1930, le dictateur, Primo de Rivera ne se démit qu'en apprenant son hostilité.

Elle comprend

- La légion étrangère, principalement formée d'Espagnols et de Portugais. Fondée en 1920, elle avait la réputation d'être une grande brutalité.

-"Les regulares" marocains, troupes indigènes qui devaient maintenir l'ordre en territoire conquis.

Le 14 avril 1931 la République est proclamée, soulevant une immense joie un immense espoir populaires

Le peuple découvre qu'il existe et qu'il a droit àl a parole, aux discours

Le  premier gouvernement est composé de libéraux issus de la classe moyenne partisans d'une démocratie avancée

 Pour répondre aux aspirations de liberté et amener la fin des inégalités, plus de justice, il lance un certain nombre de réformes. Mais ils vont ainsi lâcher la bride à une féroce lutte de classes.

 Tout est à faire. L'espérance fondamentale des paysans est la terre

Les ouvriers demandent le droit de grève, la fin des salaires de misère

 Pour changer l'Espagne il faudrait s'attaquer aux structures mêmes du pays. Mais les réformes de cette première République sont trop prudentes 

Le gouvernement promulgue une réforme agraire qui déçoit  les exploités et fait peur aux possédants. Les grands propriétaires la refusent et n'envisagent même pas de se laisser déposséder. Les paysans  qui se sentent frustrés dans leurs espoirs commencent à occuper les terres

En clair les réformes inquiètent à droite, mais à gauche elles déçoivent.

Tout le monde passe l'action  en même temps

Les monarchistes contre la République

Les Catalans pour l'autonomie

Les anarchistes contre l'Etat

Les paysans contre la guardia civil.

 Cette milice avait été créée en 1844, cette force de gendarmerie  se conduisait comme en pays conquis.

 Les Guardias civiles avaient la réputation d'être intraitables"

Impopulaires, ils furent victimes de violences inimaginables.

La population de l'Espagne est composée pour moitié d'illettrés: La République multiplie les écoles, les enseignements de l' Etat pour contrebalancer l'enseignement religieux.Plus de 10. 000 écoles sont créées

Les intellectuels se veulent les missionnaires de la culture

Mais en tentant d'éveiller les provinces endormies on réveille aussi  le souvenir des riches traditions locales, de telle sorte que la vague culturelle exalte le nationalisme .

En septembre l'autonomie est accordée aux Catalans. Ce qui effraie les militaires qui craignent que l'unité nationale soit battue en brèche.

 Le 10 août 1932 : coup d"état de Sanjurjo. Ce coup d'état vient trop tôt  mais c'est un avertissement. Le gouvernement  l'emprisonne mais lui laisse de droit de recevoir sa famille et ses partisans.

Les Socialistes commencent à s'opposer à l'état

Les anarchistes particulièrement puissants avec leur syndicat CNT qui réunit un million de membres dans l'Espagne de 31 sont contre l'armée et l'église 

"nous restons en guerre avec l'Etat . "

La misère extrême crée un climat favorable à cette hostilité de plus en plus violente et désespérée .En janvier une révolte éclate en Andalousie; elle entraîne une répression féroce à Casa Viejas; Une maison est brûlée avec ses habitants .La responsabilité retombe sur le gouvernement; les socialistes le quittent .

Pendant ce temps la Droite s'organise

Gil Robles  a créé le CEDA qui en 1933 gagne les élections en partie grâce aux femmes à qui la république a accordé le droit de vote.

Le nouveau gouvernement défait tout ce qu'avait fait le précédent. En octobre 34 , le CEDA entre au gouvernement et les socialistes décident de se battre

Les luttes les plus dures se déroulent dans les Asturies, région minière.

 Près de 70.000 ouvriers forment une alliance préfigurant déjà le Front Populaire et  se soulèvent en octobre 1934 contre le gouvernement.Trois jours plus tard, une grande partie des Asturies est entre les mains des mineurs

Débordé, le gouvernement fait donner la police, puis l'armée

Les mineurs tiennent quinze jours à Oviedo et à Gijon

Le soulèvement écrasé par des troupes envoyées du Maroc. La répression est rapide :et sauvage. Un général se distingue, il a 40 ans et s'appelle Francisco Franco. Alcala Zamora l'appelle " le sauveur de la nation".

1936 Union des forces de gauche ( sans les anarchistes )

Février1936. Elections générales

 A la stupéfaction générale le Front Populaire l'emporte avec 4 millions de voix contre 3 millions et demi à la Droite. Cette victoire sème la panique chez les conservateurs  et l'espoir chez les travailleurs qui tentent de récupérer ce qu'ils ont perdu

A droite ,1.5OO hommes quittent le CEDA et s'engagent dans la Phalange créée en 33 par José Primo de Rivera.

                                 images-7-copie-2.jpg              

La Droite est déçue par Gil Robles tandis que monte une nouvelle personnalité politique Calvo Sotelo.

                        images-5-copie-3.jpg

On libère les mineurs des Asturies et  les prisonniers politiques .

On augmente tous les salaires de 15 %

Les paysans excédés passent à l'action directe. Le 25 mars 36 , 60. 000 paysans sans terre occupent 3.000 fermes en Extrémadoure . `

 Réactions dans l'armée.

Des généraux protestent. On les exile :Franco aux Canaries. Goded aux Baléares mais on laisse à Pampelune le plus dangereux le général Mola qui va organiser l'insurrection.

 Des troubles dispersés marquent le début d'un climat d'insécurité et de violences: 200 églises sont détruites. On compte 300 assassinats politiques, 130 grèves spontanées, 10 journaux pillés.  La haine est dans tous les  cœurs

En Navarre, le partir carliste croit son heure venue .Les Carlistes veulent renverser la république rouge

Le 1er mai a lieu le grand défilé de la gauche unie

Brusquement le bruit court que des religieuses ont donné des bonbons empoisonnés à des enfants. Un couvent et une église sont incendiés.

Calvo Sotelo veut un état fort qui mettre un terme au chaos.

Le 16 juin 1936 il déclare "

 " Contre cet état stérile, je propose l'état intégral. Beaucoup l'appelleront fasciste, mais si l'état fasciste c'est la fin des grèves, la fin du désordre, la fin des abus contre la propriété, alors je déclare avec fierté que je suis fasciste. Je déclare fou tout soldat qui devant l'éternité n'est pas prêt à se dresser contre l'anarchie si cela est nécessaire.

Mola organise le soulèvement.

Jose Antonio lui apporte son soutien. Cependant quelques officiers refusent de trahir la République. Franco pèse ses chances, hésite à accepter le plan de Mola

En 11 julilet 1936, est assassiné José del Castillo , officier de gauche, chef de la garde de police républicaine .

Le 12 juillet  Calvo Sotelo que des policiers étaient venus chercher à 3 heures du matin pour un interrogatoire est retrouvé assassiné quelques heures plus tard.

                                       images-4-copie-1.jpg


 Le gouvernement n'y est pour rien mais il en porte la responsabilité; la colère déclenchée par cet assassinat explique en partie le soutien que recevra la rébellion . 

Avec son assassinat, la révolte a trouvé son martyr.

Au nom de l'Espagne éternelle, les carlistes, les monarchistes, la Phalange, tous unis derrière la bannière de l'Eglise, préparent la révolte.
Le mot d'ordre du complot: "Arriba España "

Le 17 l'armée se soulève au Maroc.

Le 18 la révolte s'étend à toute l'Espagne

Au matin du 18 juillet, Franco lance depuis les émetteurs des Canaries et du Maroc espagnol, un manifeste. 50 garnisons se soulèvent. Par traîtrise, par ruse ou par conviction tombent aussitôt: Algesiras, Cordoue, Grenade,Oviedo, Saragosse.

Franco déclare: "L'Espagne est sauvée."

Le président de la République, Manuel Azaña proclame

" La République continue."

Ce n'est plus un classique "pronunciamiento " mais la  guerre civile.

Elle commence par des massacres.

Des deux côtés, on massacre.
Riches, pauvres, patrons, ouvriers, officiers, gardes civiles, prêtres, religieuses, personne n'est à l'abri.
7.937 religieux sont tués. 200.000 morts en deux semaines.

Saint Exupery rapporte:

"On fusille ici comme on déboise."

C'est ainsi que fut arrêté, condamné à mort sans jugement Federico Garcia Lorca.

Contre les rebelles , une grande partie du peuple , les syndicats, les partis de gauche  et les classes moyennes et la grande majorité des intellectuels parce que le gouvernement a été élu démocratiquement.

Les  rebelles, eux défendent l'Espagne éternelle

Les partis de droite qui veulent réoccuper les positions perdues en 34 prend ouvertement parti pour les rebelles ainsi que l'Eglise, la plus grande force de l'Espagne. Le cardinal Goma y Toma, primat d'Espagne déclare:

"Il ne peut y avoir d'autres pacification que par les armes. Il convient d'extirper toute la pourriture de la législation laïque."

`L'Evêque de Carthagène dit:

" Bénis soient les canons si, dans les brèches qu'ils ouvrent fleurit  l'Evangile

 il faut mourir pour le Christ Roi.

Du côté des Républicains, Dolores Ibarruri, la Pasionaria, député communiste lance:

" Mieux vaut mourir debout que vivre à genoux."

Elle appelle à l'union de tous les partis, tous unis comme les doigts de la main: Le poing fermé devient le symbole de l'unité. Tandis que la bourgeoisie nationaliste apprend le nouveau geste à la mode: le salut fasciste.

Le gouvernement donne des armes, des munitions, au peuple Mais il faut leur apprendre à devenir des soldats. Les masses populaires ainsi armées sont seules pour contrebalancer le potentiel militaire des forces armées Tout juste entraînés, à peine armés, ces combattants de la République partent pour le front.

Tous sont décidés à vaincre le fascisme ou à mourir pour la République.
Les insurgés, eux, reçoivent dès les premières semaines, l'aide de l'Italie et de l'Allemagne

Du côté des rebelles règne l'ordre militaire.

La justice est rendue par des tribunaux militaires, la grève est passible de peine de mort.

Les deux moitiés de l'Espagne se lancent passionnément l'une contre l'autre.

 Le 1 er Octobre 1936, à Burgos, Franco devient chef de l'Etat. Tous les partis de la rébellion sont fondus en un parti unique. Un seul slogan: Un Etat, une Nation, un Chef."

Le 18 novembre, l'Italie et l'Allemagne reconnaissent le gouvernement de Burgos.

En réponse à la passivité des pays démocratiques qui indigne les antifascistes du monde entier, sont créées les Brigades internationale

Elles commencent à arriver en octobre 1936.

 On en comptera 35.000 accourus d'Europe et d'Amérique pour défendre la jeune République espagnole. Formées de volontaires de divers pays, elles apparaîtront comme le symbole de l'engagement héroïque et de la solidarité internationale.

                                             land-and-freedom-1995-05-g.jpg                                                             

10.000 d'entre eux y feront le sacrifice de leur vie.

Elles viennent défendre Madrid.

 Madrid est le point de cristallisation, l'enjeu de la lutte. Radio Madrid diffuse:

"Madrid se bat pour l'Espagne, pour l'Humanité, pour la Justice. "

Le monde entier attend la chute de Madrid.

 Le général Mola prépare l'assaut final: 4 colonnes doivent entrer dans Madrid. La ville n'a pas de vivres, pas de fortifications, pas de défenses.
Hommes, femmes et enfants creusent des tranchées

Et c'est l'attente:

"Madrid n'est plus qu'une main crispée sur un fusil "

Le 6 novembre: Le gouvernement quitte Madrid et se réfugie à Valence. Une Junta défensive est mise en place.

 Le 7 novembre l1936 , les Maures sont aux portes de la ville.

Le 9, grâce à l'expérience des Brigades internationales, l'assaut échoue.  

La première menace sur Madrid est stoppée.

Entre le 19 et le 23 novembre, les nationalistes lancent l'assaut après avoir fait donner l'artillerie.  Les troupes marocaines et les légionaires s'avancent dans le quartier de la cité universitaire. Ils ne peuvent progresser et Franco décide d'arrêter les combats. Ayant échoué à prendre Madrid d'assaut,il décide de terroriser la population. " je détruitai Madrid plutôt que de la laisser aux mains des marxistes " aurait-il dit. 

La Légion Condor lance un tapis de bombes sur la capitale Non  seulement la population refuse de se rendre mais elle se ressoude autour de la cause républicaine. Ce bombardement d'une population civile-  un de spremiers de l'histoire militaire - fut vivment critiqué grâce aux journalistes présents dans la ville, tel Ernest Hemingway. 

Madrid était sauvé.

 La légion étrangère remonte vers le nord et conquiert Badajoz. Une lutte atroce et inégale. Puis le nord de la Péninsule est encerclé. La population fuit par le Pont International.

 Les insurgés prennent Irun. Les défenseurs submergés meurent sur place. Bientôt le nord est coupé de la frontière française.

 A Alicante, les républicains instruisent le procès de José Antonio Primo de Rivera. Il est exécuté le 20 novembre. 

                                    images-6-copie-4.jpg  

 

 

C'était un rival possible de Franco qui disparaissait. En représailles, le fils de Largo Caballero est exécuté en février1937 `

Pour tenter d'encercler Madrid et de couper la route Madrid-Valence, cinq brigades de l'armée d'Afrique et l'artillerie de la Légion Condor attaquent dans la vallée du Jarama

Les brigades internationales passent à la contre- offensive. (Bataillons Thaelman, marty, Lincoln, Garibaldi, Dimitrov et le bataillon britannique) Après 10 jours de combat, la route  reste à la République,

Madrid n'est pas encerclée.`

Ceux qui sont morts là parlaient toutes les langues.

 

                                      slide1 event4b-1

 

Mussolini veut pour lui la gloire de faire tomber Madrid et réussir là où Hitler a échoué. Le 8 mars 1937, 30.000 "chemises noires" de Mussolini, attaquent et enfoncent le front républicain à Guadalajara.

La division Lister contre-attaquent. Les chemises noires prennent la fuite. A 1 contre 5, les Républicains remportent la victoire Madrid n'est pas encerclée

Malaga tombe aux mains des rebelles. La répression est impitoyable.

Des milliers de sympathisants, militants, ouvriers, femmes, paysans sont exécutés sans jugement.

Le pays basque se bat pour défendre sa démocratie patriarcale

Le clergé basque soutient leur lutte. Il est le seul clergé qui soit du côté de la République

Le général Mola lance un ultimatum.

"Mais si la soumission n'est pas immédiate, je raserai toute la Biscaye"

La légion Condor expérimente la technique du " tapis de bombes".

. 26 avril  1937 Bombardement de Guernica.`

                                   imgres-1-copie-2.jpg

 Le massacre du peuple basque, coupable de non rébellion provoque un scandale dans le monde catholique

Pour répondre à cette indignation et à la demande de Franco, le cardinal Goma y Toma, primat d'Espagne fait parvenir aux évêques du monde entier une lettre collective:

" la guerre, tout en étant l'un des plus grands fléaux de l'humanité, est parfois le remède héroïque, unique, pour remettre les choses sur le pivot de la justice...C'est pourquoi l'Eglise, qui est pourtant fille du Prince de la Paix, bénit les emblèmes de la guerre..."

16 prêtres basques sont exécutés, 278 sont emprisonnés, 1.300 sont qualifiés " d'indésirables."

Leur crime est d'avoir maintenu la présence du Christ dans la république

A la suite de ces assassinats, François Mauriac écrit:

`" Nous disons que les meurtres commis par des Maures qui ont un Sacré Cœur épinglé à leur burnous, que les épurations systématiques, les cadavres de femmes et d'enfants laissés derrière eux par des aviateurs allemands et italiens au service d'un chef catholique et qui se dit soldat du Christ, nous disons que c'est là une sorte d'horreur dont les conséquences sont redoutables pour la cause qui devrait nous importer par dessus toutes les autres et qui est le règne de Dieu sur terre ."

 19 juin 1937: Chute de Bilbao et du pays basque Pour les enfants basques, c'est l'exil.

 Les meutrières batailles de Brunete et de Belchite déssèrent l'étau autour de Madrid 

 Puis Teruel. En plein hiver, par crainte d'une offensive contre Madrid ,les Républicains attaquent Teruel: 10 jours de victoires et de défaites

Début janvier, victoire franquiste. La république a perdu 15.OOO hommes

En avril 38 les troupes franquistes atteignent la méditerranée.  La République est coupée en deux ;Madrid est séparée de Barcelone

Dernière offensive

La république se lance alors dans la bataille la plus longue et la plus audacieuse  de toute la guerre: La bataille de l'Ebre. 100.000 hommes, toute l'armée du nord.

Pour tenter de rétablir la communication entre Barcelone et  les territoires du Sud. Le général Modesto, républicain, spéculant sur la surprise tente et réussit le passage de l'Ebre .Ce fut la plus meurtrière bataille de la guerre.

                     images-5-copie-4.jpg

Le Président Negrin veut profiter de la victoire de l'Ebre et propose à l'Europe et

à Franco les bases d'un compromis.  Il retire du front, en pleine bataille, les Brigades Internationales et les renvoie dans leurs pays.

Le départ des Brigades internationales fut le crève-cœur de l'Espagne

Franco repoussa les offres de paix de Negrin,

Une armée de plus de 600.000 hommes parfaitement équipés entraînées par des instructeurs italiens et allemands va porter à la République, un coup rapide et puissant

L'armée nationaliste balaie la Catalogne

200.000 soldats républicains sont faits prisonniers.

La fin de la Catalogne fut le début du grand exode

 

                                       Exil.jpg.jpg

                                

Ils sont 300.000 qui fuient vers la frontière. Dans la main fermée de certains, une poignée de terre.
Parmi eux Antonio Machado.

Au printemps 1939, les forces républicaines s'affondraient. Au Madrid les rangs républicains se divisèrent .Alors que le président du gouvernement Negrin et ses alliés communistes voulaient poursuivre le combat jusqu'à la fin, Le général républicain Casado voulait négocier la reddition de la ville pour éviter une répression sauvage.

Le 5 mars, les hommes de Casado arrêtèrent les officiers communistes à Madrid . Le 7 leurs leaders et Negrin fuirent hors de la ville, tandis que des combats de rues commençaient entre les communistes et leurs adversaires; les premier sfurent défaits et leur chef exécuté. Casado était libre de négocier mais Franco exigea une reddition sans conditions. Le 26 il ordonna aux troupes d'avancer; le front républicain se brisa.

Le 1er avril un communqué  de Franco annonçait la victoire. C'était la fin de la guerre civile, la fin de la " République démocratique des travailleurs" 

On pouvait dire comme Larra

 "Aquí yace media España, murió de la otra media."

 

 

Partager cette page
Repost0

Jacqueline Baldran Maître de conférences. Paris IV
 

Contact

Liens