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Ils étaient connus pour être des chasseurs habiles et des guerriers intrépides. Leur indomptable courage, leur énergie, leur endurance à la fatigue, à la douleur, aux privations, leur résistance à cheval étaient presque incroyables; un guerrier pouvait couvrir en courant une soixantaine de kilomètres dans le désert sans manger et quasiment sans boire.

C'est vers 1540 que les Apaches rencontrèrent les Espagnols; ils venaient du Mexique , conquis vingt ans plus tôt.

Les premiers contacts furent plutôt amicaux mais l'entente entre eux était impossible

 Les Apaches lançaient des raids  afin de s'emparer du bétail, des chevaux  et des armes qu'ils convoitaient. Les Espagnols attaquaient les villages apaches, capturant femmes et enfants pour les vendre comme esclaves au Mexique.

Ils mettaient à prix les scalps indiens , y compris ceux des femmes et des enfants . Ils leur offraient de l'alcool pour les vaincre plus facilement.  Les tentatives pour les christianiser furent , le plus souvent, vaines. 

 En 1821, le Mexique devint indépendant.

Mais pour les Apaches,  la situation demeura la même

 On s'amusait toujours à collectionner les scalps et à détruire les villages paisibles.

 En 1848, le Mexique céda aux Etats-Unis toutes ses terres  au Nord du Rio Grande. Dès lors, les Apaches durent traiter avec les Américains. Des postes de commerce, des lignes de diligences furent ouverts sur le territoire apache . Encore peu conscients du danger, les Indiens accueillirent ces pionniers sans animosité.

Les Blancs étaient encore peu nombreux, mais, cette trêve ne  dura guère 


 Cochise 1812 - 1874, apache chiracahua.

Il  fut non seulement un grand chef mais un être  d'une rare qualité humaine. 


 

Lui et son clan entretenaient d'assez bonnes relations avec les Américains quand, en 1861, il fut soupçonné, sans preuve, d'avoir enlevé un enfant dans une ferme voisine.

Il fut convoqué par le jeune lieutenant Bascom qui le fit tomber dans un piège.

Sans méfiance, Cochise vint, accompagné de son frère et de deux de ses neveux

Accusé du rapt de l'enfant, il protesta de son innocence; en vain  réfuta-t-il l'accusation de rapt.

La tente où les Indiens étaient entrés fut cernée par les soldats; ils étaient prisonniers mais Cochise, d'un coup de couteau, fendit la toile et parvint à s’échapper, malgré un coup de baïonnette reçu dans le genou.

Son frère et ses neveux restèrent captifs. 

 Cochise captura alors le gardien du relais et deux prospecteurs blancs, afin de les échanger contre les membres de famille qui étaient détenus.

L'armée, à son tour, captura 6 apaches et comme Cochise affirmait à nouveau de rien savoir de l’enfant, les six Apaches furent pendus.

Cochise, en représailles, fit exécuter ses otages. Il ne faisait plus aucune confiance aux Blancs; il harcelait les forts et les convois de l’armée, les établissements des colons. La guerre ensanglantera le sud-ouest pendant plus de dix ans avant que Cochise ne fasse la paix.
      

Cochise s'allia à son beau -père, Mangas Coloradas, chef des Apaches Mimbreño, pour empêcher  le passage des  troupes venant de Californie sur leur territoire.

 Le 15 juillet 1862 une bataille acharnée eut  lieu à  Apache- Pass. Mangas Coloradas, grièvement blessé, fut transporté par Cochise au Mexique, à plus de deux cents kilomètres, où il trouva un médecin. 

 

 

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 " S'il meurt, cette ville mourra !"
Mangas Coloradas se rétablit  et revint parmi les siens.Il avait vieilli  mais était toujours capable de chevaucher et de tirer plus vite que les jeunes guerriers.

Mangas Coloradas vieillissait; il se rendait compte que même ses meilleurs guerriers ne parviendraient jamais à vaincre les Etats-Unis. Se souvenant qu'en 1852 il avait signé un traité de paix et que ce traité avait été respecté de part et d'autres pendant quelques années  il envisagea d'engager de nouvelles  négociations avec les Blancs.
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Il était dans ces dispositions d'esprit quand un Mexicain, protégé par un drapeau blanc vint lui dire que des soldats qui campaient dans le voisinage,voulaient négocier un traité de paix  Malgré l'avis des siens il accepta l'entrevue.

Il entra seul dans le camp dès que le drapeau blanc fut hissé.
Des soldats bondirent et le firent prisonnier. Lui aussi était tombé dans un traquenard. Sur ordre, il fut mis à mort mais tout d'abord torturé par des soldats ivres.

 

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 Cochise ne chercha plus qu'à se venger.

Depuis les Dragoon Mountains, son repaire, une vraie forteresse au somment des hautes montagnes, ses guerriers lançaient des raids meurtriers contre les établissements blancs et les diligences qui empruntaient la Butterfield Trail.


Tous les hommes chargés de transporter le courrier et qui traversaient le territoire apache étaient systématiquement attaqués et tués. 

 

Un jour, le responsable de la ligne des courriers, Thomas Jeffords, vint voir le chef apache. Il arriva sans armes, avec un drapeau blanc. Cochise, pour la première fois, se trouvait face à un Blanc honnête, loyal.

Convaincu par les arguments de Jeffords  et de sa bonne foi, il s'engagea à ce que le courrier passât toujours sans être attaqué, du moment qu'il s'agissait de courrier personnel, et non de  message de l'armée.

 

 

                                  


Ni l'un ni l'autre ne s'étaient trompés en s'accordant une confiance réciproque. 
Ils se revirent souvent.

Leur estime devint une amitié profonde que rien ne vint jamais ternir. 

Ils devinrent " frères de sang".


En octobre 1872, le général Oliver O.Howard demanda à Thomas Jeffords de le guider jusqu’au camp de son ami.

Howard et Cochise parvinrent à conclure la paix. On dit que Cochise brisa une flèche pour symboliser son désir de paix.

Cet épisode est raconté dans le roman "La Flèche brisée" d’Elliot Arnold et dans le beau film de Delmer Daves.
 

 

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Cochise accepta de s’installer avec son peuple sur une réserve au cœur du territoire chiricahua avec pour seule condition que Jeffords, son ami, soit l’agent de la réserve. 

 

Les derniers mois de sa vie furent assombris par les menaces qui pesaient sur la réserve des Apaches.

 Il mourût le 8 juin 1874 dans les Dragoon Mountain. Son corps fut enterré dans un lieu qui porte aujourd’hui le nom de "Cochise Stronghold".


 Lettres de Cochise à son ami Thomas Jeffords :

 

« Ce sont toujours les faibles qui perdent. Longtemps nous avons été les plus forts. Maintenant, nous sommes les plus faibles. Nous serons battus et nous mourrons, lentement si l'on réussit à nous enfermer dans des réserves, rapidement si l'on nous anéantit au cours d'une bataille. Puis ce sera votre tour. Après en avoir fini avec nous, vous vous tournerez vers d'autres peuples. Je suis certain que vous ne cesserez jamais de vous battre contres ces peuples qui sont sur des terres lointaines, de l'autre côté des océans et qui parlent des langues incompréhensibles.

Serez-vous plus forts qu'eux? Vous écraseront-ils? Peu importe. Je ne sais qu'une chose : vous vous battrez sans répit. Partout où il y a des êtres vivants, la guerre est permanente. Nous autres Indiens, nous approchons de notre fin. La vôtre viendra aussi. Un homme fort rencontre toujours un homme plus fort que lui. »

 

  Peu avant sa mort , il lui fit parvenir cette dernière lettre:


« Shikissen, mon frère, crois-tu que tu me reverras encore en vie ? Je sens la mort venir, ce sera pour demain matin vers dix heures. Crois-tu alors qu'on se retrouvera ? Durant ma maladie, j'ai eu l'occasion d'y réfléchir bien souvent, et j'en suis venu à la conclusion que les vrais amis se rejoignent là-haut, plus loin que les montagnes, quelque part au-delà des cieux. C'est ce que je crois. »


Cochise et ses deux fils.


  Après sa mort, son fils Taza devint chef à son tour, mais il n'avait pas l'ascendant de son père. 

Les razzias reprirent; le gouvernement envisagea de regrouper les Apaches à San Carlos qui était déjà le centre administratif de 7 clans dans l'est de l'Arizona, région chaude, stérile et malsaine, un véritable bagne.

On décida d'y transférer les Chiricahuas, ils s'y installèrent en 1876.

Taza s'était soumis car il voulait défendre la paix. Il fut invité à Washington mais il mourut lors de sa visite, son jeune frère, Naiche, lui succéda.

Jeffords fut destitué. 

John Clum fut nommé agent de la réserve.

Honnête mais intransigeant, maladroit, il mena une politique dure et répressive.

Victimes de multiples vexations, les Apaches oisifs, buvaient, se battaient.

Pour échapper à cette lente dégradation, en 187, certains prirent la fuite, dont Geronimo et Naiche et Victorio, le chef de guerre Mimbreños.

Victorio  
 

Victorio était né sans  doute vers 1825 au Nouveau Mexique.

 

 Considéré comme le plus étonnant de  tous les guerriers Apaches, Victorio a combattu les forces militaires envoyées contre lui des deux côtés de la frontière. 

Pendant des années ce fut une succession de raids, de soumissions, de promesses non tenues par les Blancs.

En 1870, il avait accepté de s'installer avec son peuple dans une réserve à Ojo Caliente au Nouveau Mexique mais quand brusquement on décida de les transférer à à San Carlos,  il prit la fuite
.

 Les guerriers de Victorio, accompagnés de leurs femmes et de leurs enfants, passèrent au Mexique, revinrent au Texas, puis traversèrent les territoires du Nouveau-Mexique et de l’Arizona, pillant les fermes isolées et les ranchs, s’emparant des chevaux et du bétail, massacrant les voyageurs.

 

Victorio, avec une habileté stupéfiante, déjoua la poursuite des armées mexicaine et américaine.

Une fois même, il vint, à la limite de la réserve de San Carlos,  défier l’autorité de l’agent américain, soulevant l’enthousiasme des Apaches de la réserve. Plusieurs armées le traquaient.

Le 14 octobre 1880, sa bande de deux cents personnes fut  surprise par plusieurs centaines de Mexicains.

Les Apaches se défendirent avec l’énergie du désespoir. Ils se battirent au couteau, à mains nues. Victorio fut retrouvé mort.

Probablement s'était-il suicidé pour ne pas être pris vivant.

Nana

 

 C’est Nana qui lui succéda et qui conduisit ses 30 survivants dans une fantastique chevauchée de 800 kilomètres à travers tout le Sud-Ouest.

 Or Nana, qui était né vers 1796 avait environ 80 ans au moment de cette folle équipée au cours de laquelle il livra une douzaine de combats, tuant entre 30 et 50 soldats américains, capturant 200 chevaux et mulets avant de se rendre.

Nana, quelques guerriers et leurs familles furent embarqués début avril en direction de la  Floride où le gouvernement avait  décidé de déporter tous les Chiricahuas et une partie des Mimbreños.

Il mourut à Fort Sill, en Oklahoma, le 19 mai 1896. Il avait près de 100 ans. Sa veuve, sœur de Geronimo  mourut en 1907.

 Géronimo

Géronimo, dont  le nom est si célèbre, ne fut pas seulement un guerrier reconnu mais également un grand chaman respecté de tous les Apaches.

 Il était né en  1829  en Arizona dans la tribu des Apaches  Bedonkohe dans une région qui appartenait encore au Mexique près de la Rivière Gilia 

 

 

                                           

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En 1858, après l'atroce assassinat de sa mère, de sa femme et de ses trois enfants, par l’armée mexicaine, il commença des raids de représailles en territoire mexicain.

Il vengea sa famille le 30 septembre, jour de la saint-Jérôme 1859.

Les cris des Mexicains invoquant saint Jérôme (Géronimo ! Géronimo !) pour leur défense, l'inspirèrent et il prit alors son nom : Geronimo.

Il n'en avait pas fini avec les Mexicains qui , plus tard, lors d'une autre attaque surprise, tuèrent sa nouvelle épouse et son fils.

En octobre 1862, il participa avec Cochise et Mangas Coloradas à la bataille d'Apache Pass.

Après la mort de Cochise, la plupart des Indiens furent déportés vers la réserve de San Carlos.

Il se sauva en 17 77.

Arrêté l’année suivante et transféré à San Carlos, il prit la fuite quelques mois plus tard. Il gagna le Mexique où il vécut de pillages, avant de regagner San Carlos en 1879.

En septembre, il disparut à nouveau avec quelques guerriers.

 Leur camp fut découvert et attaqué en mai 1883.

Les chefs  apaches acceptèrent le principe d’une reddition. En 1884 Geronimo revint dans la réserve de San Carlos.

Une  nouvelle fois, le 17 mai 1885, il s'évanouit dans la nature avec 35 hommes et 109 femmes et enfants.

Il fut retrouvé au Mexique par des éclaireurs Apaches en mars 1886; il accepta de regagner la réserve avec les soldats américains.

Mais , méfiant, peu après il se ravisa et s’échappa dans les montagnes avec une quinzaine de guerriers et quelques femmes et enfants.

5000 hommes et des milliers de volontaire, 3 000 soldats mexicains furent mobilisés contre ce petit groupe d'Apaches.

Pendant plus de 5 mois, Geronimo et ses partisans réussirent à passer entre les mailles du filet. Épuisé, fatigué de se battre, il finit par se rendre le 4 septembre 1886 avec 16 guerriers, 12 femmes et 6 enfants.

"C’est la quatrième fois que je me rends " dit-il.

Il s'était constitué prisonnier de guerre contre l'assurance que l'Etat fédéral apporteraient son aide aux communautés apaches. 

Il fut placé sous surveillance militaire étroite en Floride où les Apaches, hostiles ou pacifiques, avaient été déportés.

Ils mouraient, les uns après les autres, de tuberculose, de paludisme, de malnutrition, de désespoir. 

 Sur les instances de quelques hommes de coeur, dont Clum, le gouvernement envisagea de ramener les ramener dans l’Ouest. Mais les Blancs s’opposèrent à leur retour en Arizona.

 

 

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Les survivants furent ramenés à Fort Sill, en Oklahoma, en 1887. Geronimo se convertit alors au christianisme et devint fermier.

 Mais il était toujours prisonnier.

Il regretta jusqu'à la fin de ses jours de s'être rendu. Il vendit des souvenirs en 1904, un an plus tard, il participa à la parade d'inauguration de Theodore Roosevelt; il dicta l’histoire de sa vie en 1906. 

Son dernier vœu avait été d'être enterré sur les terres de la rivière Gila. Il mourut en février 1909 à Fort Still sans avoir revu ses montagnes. 

Ce n’est qu’en 1914 que les Apaches furent  totalement libres. Certains demeurèrent à Fort Sill, d’autres regagnèrent l’Arizona.

 

 

 

 

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En 2009, année du centenaire de la disparition de la mort de Geronimo,son arrière-petit-fils, a entrepris une action contre le gouvernement américain pour rassembler les restes de son aïeul et ramener sa dépouille jusqu'à son lieu de naissance au Nouveau-Mexique et faire ainsi respecter ses dernières volontés.


 

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Jacqueline Baldran Maître de conférences. Paris IV
 

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